Animateur de réseau, il a repris ses études pour faire évoluer son poste

« Rien dans ma formation initiale ne me prédestinait à travailler dans le fleurissement sinon une certaine sensibilité pour les jardins et la nature », explique Mathieu Battais, 40 ans. « Enfant, j'ai participé à de nombreux travaux de jardinage avec mon père, dans son grand jardin de 6 000 m² dans le Val d'Oise. Une certaine ouverture d'esprit et le hasard des rencontres ont fait le reste. »

Au départ...

CHOISIR UNE VOIE ENTRE HISTOIRE-GÉO, SCIENCES NAT, PHILO, ÉCONOMIE

Après un parcours scolaire un peu chaotique dans le secondaire, Mathieu Battais décroche son baccalauréat économique et social, puis se tourne vers l'université sans trop savoir ce qu'il a envie de faire. « J'étais attiré par des disciplines très différentes, aussi bien l'histoire et la géographie que les sciences naturelles, la philosophie et l'économie », précise-t-il. « Durant mes études secondaires, les cours, trop “scolaires”, ne m'enthousiasmaient pas... »

Après une année d'AES (administration économique et sociale), il change de voie pour suivre un cursus de trois années d'histoire-géographie à l'université de Villetaneuse (Val-d'Oise).

Ayant atteint l'âge limite pour le service militaire, il interrompt ses études et choisit le civil : « Ça a été le début d'une période très positive pour moi : je suis entré dans du concret et j'ai pu commencer à cerner ce qui m'intéressait vraiment sur le plan professionnel. » Durant un an, il travaille à la mairie d'Argenteuil (Val d'Oise), au sein de la direction du développement social des quartiers, où il est chargé de réaliser un guide et un journal bimestriel sur l'évolution du Val d'Argent, quartier « sensible » en pleine requalification. Une expérience qui lui permettra d'aborder de l'intérieur les politiques de la ville, le fonctionnement des collectivités territoriales, le rôle des associations locales...

Après ce service civil, Mathieu Battais reprend ses études d'histoire-géographie, mais les interrompt avant la fin de sa maîtrise pour un voyage de deux ans, essentiellement en Europe et en Afrique.

En milieu de parcours...

LE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE

À son retour, il trouve, un peu par hasard, une formation au sein de l'Afrat, association basée dans le Vercors, à Autrans (Isère), qui oeuvre pour la sensibilisation des ruraux aux activités du tourisme. Il y suit une formation d'une année sur le développement touristique dans les territoires. Il réalise un stage de deux mois au comité départemental du tourisme du Jura pour la mise en place d'un plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée. « Il s'agissait de trouver des solutions pour pérenniser les itinéraires dans un contexte foncier complexe, car à la fois privé et public. C'est pendant cette année que j'ai eu des contacts avec Anne Schirm, à l'époque directrice du Conseil national des villes et villages fleuris (CNVVF). »

Depuis douze ans...

LA COMMUNICATION ET L'ANIMATION DANS LE FLEURISSEMENT

Anne Schirm lui fait part de son projet de créer un poste d'animateur du réseau ; il se montre intéressé. « Ce qui a plu, c'était mon profil généraliste, ma formation sur le tourisme, ma connaissance des collectivités territoriales, et mon côté débrouillard », détaille-t-il.

Durant les premières années, entre 2000 et 2004, le travail de Mathieu Battais au sein du CNVVF est centré sur la communication. Il crée et développe le site Internet, structure la base de données informatique des adhérents, met en place un outil en ligne de gestion du Label et gère les relations presse. « Durant cette période, je n'étais pas beaucoup sur le terrain, hormis lors des tournées du jury national », se souvient-il.

Il prend progressivement conscience de la nécessité de renforcer ses échanges avec le réseau départemental et régional sans pour autant oublier les communes. « Entre 2004 et 2008, mon travail est véritablement devenu un travail d'animation du réseau départemental et régional, car celui-ci est au coeur du fonctionnement et du développement du label Villes et Villages fleuris. J'ai alors multiplié les rencontres sur le terrain pour appréhender les spécificités de chaque territoire. »

Cette orientation professionnelle lui donne envie de reprendre ses études, en formation continue, pour acquérir de nouvelles connaissances plus globales sur les communes. Il passe une VAE (validation des acquis de l'expérience) pour le Master 1 (il travaille son dossier sur deux mois). Puis il s'inscrit en Master 2 « maîtrise d'ouvrage des projets urbains » à l'Institut d'urbanisme de Paris, en formation continue toujours, d'abord deux jours par semaine durant un an, puis sur six mois pour la rédaction et la soutenance du mémoire. En mai 2009, il valide son master avec un mémoire d'études sur la thématique « biodiversité et stratégie municipale : l'intégration des connexions écologiques dans les plans locaux d'urbanisme ». Cette formation a été positive sur plusieurs points : « Elle m'a permis de me rendre compte que je n'étais pas réfractaire aux études, mais qu'il m'avait fallu du temps pour trouver ma voie. Elle m'a aussi aidé à prendre du recul sur mon métier et à faire encore évoluer mon poste et mes missions. »

Avec l'arrivée de Chantal Lambert à la direction du CNVFF en 2009 et cette nouvelle formation, Mathieu Battais a donné une autre orientation à sa carrière. Ses priorités portent désormais sur l'évolution du Label et sa reconnaissance, sur la création d'un nouveau référentiel et d'une grille d'évaluation, sur l'harmonisation et la formation des jurys. « Pour gagner en notoriété, le Label doit se situer plus en amont, au niveau du projet urbain, avec une prise en compte globale du végétal sur le territoire », résume-t-il.

Yaël Haddad